L’islamisation du savoir

L’islamisation du savoir

Par: Mohga Machhour*

Toute civilisation est nécessairement basée sur une croyance religieuse ou un dogme philosophique spécifique. En fait, ce qui distingue toute civilisation est la présence d’un cadre théorique, de valeurs sur lesquels cette civilisation est établie ; le processus d’enracinement s’opère à travers les diverses sciences et théories. Dès le XIXe siècle jusqu’à à nos jours, la civilisation européenne s’est imposée dans le monde entier avec sa vision capitaliste, matérialiste valorisant à l’extrême l’individu. Tous les peuples de la planète l’ont adoptée que ce soit volontairement ou involontairement, consciemment ou inconsciemment. Le modèle de la civilisation occidentale, en tant que mode de vie et connaissance, règne sans la moindre concurrence à travers ses concepts, ses méthodes scientifiques et ses diverses théories. La science est ce que le modèle occidental considère comme telle et la méthode est ce que celui-ci considère comme telle. Ce système cognitif limité s’est institué comme étant le pivot au niveau scientifique et cognitif. Les musulmans n’ont pas joué le rôle de partenaire à cette époque que  ce soit pour les différentes étapes de la conception de cette nouvelle vision de la science ou de l’élaboration de ses programmes. Il faut dire que notre civilisation a été une source importante de sa formation à ses débuts.

En fait, les musulmans ont présenté, auparavant, l’expérience de la fondation d’une civilisation basée sur la foi. Notre expérience, à travers l’Histoire nous a appris comment la connaissance émanant de la croyance est généreuse en don, et humaine en apport. Une activité cognitive disciplinée par une vision de la foi est certes nécessaire pour établir une civilisation forte, équilibrée et fondée sur des valeurs. Imiter ou importer la vision occidentale ne crée ni ne reconstruit une civilisation. Cela pourrait créer, dans les meilleurs des cas, un monde qui tourne autour du pivot d’une civilisation étrangère engendrant certains progrès matériels. Or, pour construire une civilisation, il faut posséder une conception particulière et ce, de manière bien définie et bien claire. Le but n’est point de démontrer que l’Occident est un mal absolu mais de souligner et d’affirmer notre identité basée sur la foi tout en redécouvrant notre créativité fondée sur la civilisation islamique.

Les musulmans ont pris conscience de l’ampleur de la crise qui a provoqué leur éloignement quant à l’hégémonie des  civilisations. Les penseurs proposent des avis divergents sur les causes de ce retard. En fait, la raison principale serait peut-être leur incapacité à suivre le mouvement du renouvellement, cette loi qui régit sur tous les plans : intellectuel, matériel, économique et social. Le fait de se rassurer dans le statu quo et de s’en contenter conduit nécessairement à prendre du retard et à s’écarter du mouvement de l’Histoire.

La prise de conscience des musulmans de leur crise a donné lieu à l’émergence des mouvements de renouveau intellectuel dans le monde islamique et arabe. Celui-ci a connu les phases suivantes :

La première phase : C’est l’époque de la Renaissance dans la seconde moitié du XIXe siècle pour s’étendre jusqu’aux premières décennies du XXe siècle. Dr. Taha el-Elwani[1] l’a définie comme étant « le stade du choc et de la fascination de l’Occident ». Le discours dominant à ce stade a souligné que l’Islam ne contredit ni la science ni la civilisation, la pensée islamique est valable et valide à tout moment et en tout lieu. Il y a là  une tentative de retrouver une sorte d’équilibre face à cette civilisation écrasante tout en stimulant les ressources de la résistance chez les musulmans. Parmi les personnalités les plus marquantes de cette phase figurent : Abd al-Rahman al-Kawakibi, Rifa`ah at-Tahtawi, Khair al-Din al-Tunisi, Muhammad Abduh, Rashîd Reda, Jamal al-Din al-Afghani et d’autres.

La deuxième phase : C’est celle qui commença après la chute du Califat Ottoman dans la première moitié du XXe siècle. Il semble que le stade de la fascination ait été dépassé et que le stade de la confrontation avec les idées de l’Occident ait commencé. Les penseurs ont tenté alors de trouver des points de convergence entre l’Islam et la culture occidentale. Parmi les noms qui ont marqué  cette phase, nous trouvons : Malek Bennabi avec ses travaux qui discutaient surtout les problèmes de civilisation -, Muhammad Baqir al-Sadr  qui a réussi à présenter une méthodologie islamique alternative, Ali Shariati, etc.

La troisième phase : Elle date du début des années 80 du siècle dernier. A cette époque, la pensée  reflétait l’éveil du monde islamique ; le discours du renouveau s’est développé mettant l’accent sur le rôle de la pensée, de la connaissance et de la vision globale spécifique de l’Islam. Parmi les personnalités les plus marquantes de cette phase figurent Ismail Al-Farouqi, Muhammad Emarah, Tariq Al-Bishri, Taha Jaber Al-Alwani, Hassan At-Tourabi, Muhammad Mahdi Shams Al-Din et bien d’autres. À ce stade, s’est cristallisé un mouvement jugeant que le projet islamique n’accordait pas suffisamment d’intérêt à la dimension intellectuelle d’où son incapacité à atteindre l’objectif visé. Ce courant cherche à préciser les fondements cognitifs de son projet islamique pour retrouver la civilisation d’antan. Cette tendance a permis la formation de plusieurs écoles au sein desquelles un groupe – de chercheurs et d’universitaires – a forgé plusieurs termes tels que : Les origines islamiques du savoir, l’islamisation du savoir, l’enracinement islamique des sciences sociales, etc…

La vision islamique globale ou pré-méthodologique :

Avant d’aborder le thème de la « L’islamisation de la connaissance », il convient de noter que la prise de conscience du caractère distinguant la vision islamique globale sur laquelle repose ce projet, était antérieure à l’existence de cette école cognitive islamique. Ce modèle reposait sur des efforts cognitifs entrepris par un groupe de penseurs avec en tête de liste : le professeur Mahmoud Shaker qui a introduit le concept de « pré-méthode ». Il vise à souligner l’importance des dimensions liées aux spécificités de : l’être humain, son langage, sa croyance, sa vision globale de l’univers, de la vie humaine et de la culture. Ces facteurs qui influencent le chercheur dans le domaine des sciences sociales et humaines, façonnent sa vision tout en déterminant son angle d’attaque, d’analyse et de pensée avec à n’en pas douter ses répercussions sur le résultat de son analyse, sa compréhension et son interprétation.

Shaker s’explique : « On dit que la règle de base de l’approche de Descartes est le fait que le chercheur doit faire table rase de tout ce qu’il savait auparavant pour aborder son travail l’esprit vide, affranchi complètement de ce qui le précède. Or, cela est inconcevable à moins qu’il ne s’affranchisse de sa nature humaine. Essayons de croire qu’il puisse délester son esprit de tout ce qu’il savait auparavant, pourrait-il également se libérer de l’hégémonie de la « langue » ? De la domination de la « culture » ? Du pouvoir de ses « inclinations » profondes ?[2]

« La protection accordée par la connaissance émane de la culture acquise qui se propage chez l’être humain sans qu’il la ressente. Ce ne sont pas seulement des connaissances diverses que l’esprit perçoit  mais aussi et surtout une croyance qui gouverne l’esprit et le cœur. Il s’ensuit que cette connaissance et cette foi  sont censées être respectées en suivant les préceptes de cette religion. Enfin, ce savoir lui permet d’appartenir à une culture de grande valeur au point d’être perdant s’il la délaisse … »[3]

« Le summum de toute culture est la religion… et dans la mesure où celle-ci s’infiltre dans tout son être, plusieurs défenses seront mises en place pour le protéger contre toute imperfection pouvant affecter le processus « pré-méthodologique » puis celui de la méthode qui va en découler »[4].

Donc, derrière chaque vision cognitive, il y a des normes intrinsèques faites de croyances, d’hypothèses, de postulats ainsi que de réponses à des questions globales et finales. Nous trouvons là ses racines fixes et ses bases profondes lui fournissant sa dimension téléologique. Ce modèle influence, sans doute, la structure et la formation de l’esprit de la personne permettant de percevoir la réalité ; il élude, garde ou amplifie tel ou tel détail ou en minimise d’autres. Tout cela confirme la centralité du modèle cognitif ou de la vision globale de l’homme face à la réalité.

L’islamisation du savoir[5] :

Que signifie le concept de l’islamisation du savoir ? Ceux qui ont lancé cette idée présentent plus d’une définition pour révéler son essence et pour définir ses caractéristiques :

– Le Dr. Ismail Al-Faruqi[6], le pionnier, a défini la méthodologie islamique du savoir comme étant la reformulation de la science à la lumière de l’Islam. En d’autres termes, c’est ce processus visant à : reformuler et coordonner les informations, repenser les données et les résultats obtenus, évaluer les conclusions et redéfinir les objectifs. Tout cela devrait se faire de manière à ce que les différentes branches du savoir enrichissent la perception islamique tout en servant les objectifs de l’Islam.

– Selon Dr. Djaafar Sheikh Idris, la connaissance islamique est une invitation au scientiste à penser, à observer, à expérimenter pour aboutir à des conclusions tout en croyant en Allah.  Ce cadre méthodologique offre ainsi au savant musulman la solution au problème psychologique qu’il affronte à savoir la « schizophrénie » entre sa personnalité en tant que chercheur dans un domaine en particulier et sa personnalité lorsqu’il récite le Livre d’Allah Le Tout-Puissant, prie, jeûne et se comporte avec son entourage.

-Dr. `Emad El-Din Khalil a défini « l’islamisation du savoir » comme étant « la pratique de l’activité cognitive durant la découverte, la collecte et la diffusion de la science du point de vue de la perception islamique de l’univers, de l’homme et de la vie ».

– Comme la définit Abu al-Qasim Haj Hamad « l’islamisation du savoir signifie le désengagement entre les réalisations scientifiques de la civilisation humaine et les références philosophiques humaines sous ses diverses formes, et le réemploi de ces sciences dans un système religieux transcendant. L’islamisation des sciences ne se limite pas à l’ajout de quelques phrases religieuses dans les recherches des différents domaines – la psychologie, la sociologie, etc. – en citant des versets coraniques appropriés aux sujets traités. C’est plutôt une reformulation méthodologique et épistémologique de la science et de ses lois.

– Dr. Abdel Wahab El-Mesiri la définit comme « l’alternative cognitive islamique face à la domination du modèle cognitif laïc ».

– Dr. Mohamed `Emara la définit comme la doctrine qui établit la connaissance sur deux piliers : la Révélation et ses sciences et l’univers et ses sciences pour ne pas se suffire du seul pilier de l’univers[7]. L’islamisation du savoir a placé la Révélation au cœur du processus épistémologique, trait exceptionnel la distinguant de toutes les connaissances humaines.

– Depuis 1994, dr. Taha Jaber Al-Elwani a développé la centralité de la Révélation dans le modèle épistémologique islamique à travers un nouveau concept méthodologique, c’est la « combinaison des deux lectures ». Ce concept a occupé une grande place dans la structure cognitive de cette nouvelle approche : lire le Saint Coran tout en observant le livre  changeant de l’univers avec tous ses phénomènes. Cela offre une connaissance exhaustive permettant à l’être humain d’assumer ses tâches sur terre telles qu’Allah le veut sans verser dans le  matérialisme reniant Allah ni dans la théologie et le sacerdoce abjurant les lois du mouvement et de son devenir ainsi que les normes sociales, historiques et économiques. Cette approche tente, à travers la Révélation, de comprendre l’univers et de découvrir ses lois passant du total au partiel, reliant l’absolu au relatif, lecture  des lois de l’univers pour mieux comprendre certains versets de la Révélation. Ainsi, il y a un glissement du partiel relatif vers la totalité absolue supprimant la dichotomie prétendue entre la Révélation et la connaissance objective de l’univers et de l’existence.

Selon  dr. Al-Elwani, « Combiner ces deux lectures permet de  construire la théorie de la connaissance monothéiste qui croit que l’univers a un Seul Créateur. C’est Lui qui a désigné à l’homme ses responsabilités sur terre tout en lui enseignant ce qu’il ne savait pas. La Révélation est désormais la source principale de sa connaissance ainsi que l’univers comme seconde source. Dans le cadre du monothéisme pur, se forme une connaissance solide, rationnelle et utile permettant à l’être humain d’être un véritable témoin de la civilisation.”[8]

Comment la mise en œuvre du projet de l’islamisation du savoir a-t-elle été planifiée ?

La recherche du dr. Ismail Al-Faruqi intitulée « L’islamisation du savoir », présentée à la conférence d’Islamabad en 1982, est la première pierre de cet édifice. Il a essayé  d’y répondre à une question centrale : comment aborder les sciences sociales et humaines sur un terrain purement islamique ?

Il a commencé par définir un ensemble de principes qui constituent l’essence de l’Islam tout en estimant que les théories, les méthodes et les finalités doivent être soumises à ces mêmes principes selon le nouveau processus des sciences dans le cadre de l’Islam. Ces principes sont :

L’unicité d’Allah Exalté-soit -Il : Tout ce qui entre dans le cadre de la connaissance est censé atteindre un objectif désiré par Allah Le Tout-Puissant de sorte que l’ordre dans cet univers devienne un système de causes et de finalités avec à son apogée la volonté divine.

L’unité de la création : Des règles et des lois de causalité que l’être humain doit chercher à découvrir pour accomplir la tâche qui lui incombe sur terre.

L’unité de la vérité et l’unité de la connaissance : Aucun désaccord entre la raison et la Révélation : tout ce qui est révélé ne peut qu’être en harmonie avec la réalité.

L’unité de la vie : La raison de la création de l’être humain est l’adoration d’Allah Le Tout-Puissant, le libre arbitre lui inculque soumission et servitude pour assumer ses responsabilités tout en prenant la relève sur terre. Cette unité de vie signifie que tous les gens sont égaux, seules leurs œuvres distinguent entre eux.              

Après avoir passé en revue la méthodologie de l’islamisation du savoir, son cadre, et sa vision cognitive, Al-Farouki a entamé la démonstration des étapes de la mise en exécution du plan de ce projet résumé comme suit :

– Maîtriser les sciences modernes et les classifier en catégories, méthodes et problématiques.

– Un aperçu complet des sciences pour déterminer leurs origines, leur évolution historique tout en soulignant l’apport des spécialistes et ce, pour préciser les références les plus importantes dans chaque science.

– Maîtriser le patrimoine islamique pour déterminer tout ce qui est lié à chaque science. Toutefois, il existe une difficulté puisque les classifications de la science moderne sont différentes de celles du patrimoine. Nous y trouvons également des informations précieuses qui ne peuvent être insérées selon la classification moderne. Il est donc préférable de mettre en place des ouvrages sur des sujets précis dans le patrimoine en rapport avec les sciences modernes.

– Maîtriser le patrimoine islamique (son analyse). Nos ancêtres ont relié les problèmes auxquels ils étaient confrontés à la vision islamique. Pour mieux la comprendre,  il nous faut analyser leurs écrits à la lumière du contexte historique. Ainsi, nous pouvons saisir leur vision, leurs actes et leurs méthodes.

– Évaluation et critique de la science moderne.

– Évaluation et critique du patrimoine.

– Reformuler la science dans le cadre de l’Islam.

L’Institut international de la pensée islamique a été fondé en 1981 pour mener à bien la mission de la réforme intellectuelle et cognitive sur la base de cette vision initiale présentée par Ismaïl Al-Farouqi. Ensuite, l’idée de la connaissance islamique s’est développée pour devenir plus profonde et plus synthétique avec Taha Jaber Al-Alwani, membre du conseil d’administration de l’Institut. Il a précisé sept piliers sur lesquels repose l’islamisation du savoir à savoir :

  • Établir la vision et les caractéristiques de la conception islamique.
  • Établir les fondements de la méthodologie islamique.
  • Établir une méthodologie concernant l’approche du Saint Coran, ainsi qu’une méthodologie pour en extraire les principes de base de chaque science.
  • Établir une méthodologie concernant l’approche de la Sunna prophétique pure ainsi que les règles mise en œuvre pour en extraire les principes de base de chaque science.
  • Relire notre patrimoine islamique avec un œil critique analytique capable de nous faire éviter trois écueils lors de notre examen du patrimoine : le refus absolu, l’acceptation absolue et la sélectivité anarchique.
  • Établir une méthodologie concernant l’approche de la pensée occidentale et le patrimoine contemporain.
  • Anticiper les perspectives de l’avenir du savoir islamique tout en encourageant la production créative dans tous les domaines humains et sociaux dans le cadre de l’Islam.

Finalement, on a pu dépasser le terme « l’islamisation du savoir » en faveur de l’un des termes exprimant le même concept tels que « l’approche monothéiste de la connaissance », « les origines islamiques des sciences sociales et humaines » ou « l’authentification islamique des sciences sociales».

Parmi les bienfaits de l’école islamique de la connaissance, c’est le fait d’avoir placé l’esprit islamique au cœur de la réflexion intellectuelle. Les musulmans avaient l’habitude de se confronter à la pensée occidentale à travers des approches et des comparaisons tout en la considérant comme étant la référence absolue. Pour la première fois, il est question de déconstruction de la pensée occidentale ainsi que de ses postulats cognitifs afin de reconstruire la connaissance par le biais d’une perspective religieuse non positiviste. « L’islamisation du savoir » est devenue une école de pensée dont les idées ont été prônées par un groupe d’universitaires musulmans ainsi que par un groupe de savants et d’intellectuels. Ses défenseurs et ses partisans ne se limitent pas à une secte déterminée ou à un groupe particulier mais cette formule a plutôt été adoptée par de nombreux intéressés par la réforme de la pensée islamique tandis que d’autres ont subi son influence sans pourtant s’en réclamer.

Conclusion :

Le docteur Abdul Hamid Abu Suleiman a confirmé que le succès du projet de l’islamisation du savoir dépend de trois conditions fondamentales[9], à savoir :

Premièrement : La force de la formation psychologique ou le courage psychologique : A travers l’Histoire, l’on ne peut que remarquer que pour accéder à un statut prestigieux, les nations doivent se prévaloir de la force de ses citoyens. Expressément, la nation islamique s’est imposée dans l’Histoire par le courage dont ont fait preuve les premières générations, les fondateurs de la civilisation islamique lequel courage n’était point empreint de peur ni d’infériorité. C’est ce qu’exprime le Saint Coran dans les paroles d’Allah Le Tout-Puissant : « (…) tiens fermement le Livre » (Maryam 12). Le livre est le symbole par excellence de la civilisation et de la réforme,  il en est la base et le fondement.

Deuxièmement : La justesse de la méthodologie de la pensée civilisationnelle : La véritable réussite de toute société ainsi que de ses réalisations dépendent  essentiellement de sa pleine conscience des deux éléments du temps et du lieu. Par contre, une pensée qui se replie sur elle-même semble être une pensée vaincue, stérile et régressive. Quant à la mentalité qui penche vers l’imitation, celle-ci est le résultat de l’isolement intellectuel ainsi que de la défectuosité de la méthode intellectuelle : non exhaustive, mal disciplinée, peu analytique et non soucieuse de la recherche des causes. Ces deux cas de figure ne peuvent que disparaitre sans laisser la moindre trace.

La réussite de la méthode de pensée est mesurée à l’aune des circonstances spécifiques à chaque époque compte tenu des possibilités, des besoins, des défis et des variantes. Corrélativement, le succès ou la prédominance d’une nation ou d’une civilisation ne peut être réalisé(e) que dans la mesure où cette condition est présente dans sa méthode de pensée et dans ses réalisations.

Troisièmement : L’approche du responsable ultime sur terre (le califat) : Dans le cadre de la civilisation, celle-ci émane de la volonté de faire le bien à tous ; cette perspective positive et holistique se préoccupe essentiellement des besoins de tous les êtres humains. Dans la mesure où les nations et les civilisations parviennent à une vision civilisée, il s’ensuit pour elles une chance de survie. Il est évident que le refus de la civilisation occidentale par certaines populations revient aux valeurs prônées telles : le matérialisme, l’individualisme et le racisme.

Traduit par:

Amira Mokhtar**

Revisé par:

Prof. Hedaya Mashhour***

ــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــ

* Directrice du Centre Khotwa pour les études et la documentation. Secrétaire de rédaction de la revue Al Muslim Al moa’ser (Le musulman contemporain).

[1] Hassan Al-Omari (2003). Traits islamiques de la connaissance selon As-Sayyed Muhammad Baqir al-Sadr. Beyrouth : Dar Al-Hadi pour l’impression, l’édition et la distribution. p. 20

[2] Mahmoud Muhammad Shaker (1987). Un message sur le chemin de notre culture. Le Caire. Presse Al-Mutanabbi.

[3] Id ibid.

[4] Id.ibid

[5] Le projet d’enracinement islamique pour les sciences sociales, un concept parallèle au concept de l’islamisation du savoir, a été adopté par l’Université Imam Muhammad bin Saud du Royaume d’Arabie saoudite.

[6] Ismaïl Al-Farouqi (1982). L’islamisation du savoir. Magazine musulman contemporain. UN. 32.

[7] Ismail Al-Farouqi (2001).Islamisation du savoir. Beyrouth : Dar Al-Hadi pour l’impression, l’édition et la distribution. p. 7.

[8] Ismail Elfarouqui (2001), id.ibid. p. 8.

[9] Abdul Hamid Abou Soliman (1996). Les connaissances de la révélation : la méthodologie et la performance. Le magazine de l’islamisation de la connaissance, p. 3.

** Chercheur et traducteur égyptien.

*** Professeur de langue française. Département de langue française. Faculté des lettres, Université du Caire.

Références

  1. Ismaïl Al-Farouqi (2001). Connaissances islamiques : principes généraux – plan d’action – réalisations. T. 1. Beyrouth : Dar Al-Hadi pour l’impression, l’édition et la distribution, première édition 2001.
  2. Gamal El-Din Attia (2009). Connaissance islamique : expérience et cheminement. Gizeh : Dar Al Farouq, 2009.
  3. Taha Jaber Al-Alwani (1994). Réformer la pensée islamique entre capacités et obstacles. T. 2. Virginie : Maison internationale des livres islamiques et Institut international de la pensée islamique. Deuxième édition – 1994.
  4. Taha Jaber Al-Alwani (1996). L’islamisation du savoir entre hier et aujourd’hui. T. 1. Le Caire : Institut international de la pensée islamique, première édition, 1996.
  5. Taha Jaber Al-Alwani (2006). Combinaison des deux lectures : la lecture de la révélation et la lecture de l’univers. T. 1. Le Caire : Bibliothèque internationale Al-Shorouk, première édition, janvier 2006.
  6. Edité par le Dr. Abdul Wahab Al-Messiri (1995). Le problème des préjugés : une perspective épistémologique et un appel à l’ijtihad. Le Caire : Institut international de la pensée islamique. 1995.
  7. Imad al-Din Khalil (1988). Sur « l’islamisation du savoir » : le terme et les nécessités. Magazine : Le musulman contemporain. UN. 53.
  8. Imad Al-Din Khalil (1992). Une introduction à l’islamisation du savoir : avec un projet d’esquisse pour l’islamisation de la science historique. T. 3. Institut international de la pensée islamique. Série Connaissances islamiques ; (9.) L’Institut international de la pensée islamique, troisième édition, 1992.
  9. Mahmoud Mohamed Shaker (1982). Un message sur le chemin de notre culture. Le Caire. Presses d’Al-Mutanabbi.

عن أميرة مختار

اترك تعليقاً

لن يتم نشر عنوان بريدك الإلكتروني. الحقول الإلزامية مشار إليها بـ *

هذا الموقع يستخدم خدمة أكيسميت للتقليل من البريد المزعجة. اعرف المزيد عن كيفية التعامل مع بيانات التعليقات الخاصة بك processed.