Pour que Vous Vous Connaissiez
une Vision Cognitive*
Dr. Yahia Ridha Jad**
Dieu Le Tout-Puissant dit :
(يَا أَيُّهَا النَّاسُ إِنَّا خَلَقْنَاكُم مِّن ذَكَرٍ وَأُنثَى وَجَعَلْنَاكُمْ شُعُوباً وَقَبَائِلَ لِتَعَارَفُوا) [الحجرات 13]
« Ô vous, les hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, pour que vous vous connaissiez (mutuellement). » {Sourate Al-Houjourât, verset 13}.
- « Ô vous, les hommes ! » est un Discours adressé à toute l’Humanité avec ses diversités, ses pluralités et ses différents idiomes et couleurs… C’est un appel qui interpelle “l’essence humaine“ à travers le monde, ce qui a nécessité indispensablement l’égalité entre eux dans le “rang“, la “dignité“ et la “distinction honorifique“. Il s’agit donc d’un Discours universel et humain.
2- « Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle » :
- C’est un rappel de la réelle “unicité d’origine“ humaine de l’Humanité toute entière malgré la différence des êtres humains, leur pluralité et leur éloignement spatio-temporel et idéologique. Après tout, ils représentent une seule famille étendue au fil du temps dans les quatre coins du monde… Cette unicité d’origine exige impérativement l’égalité dans le “rang“, la “dignité“ et la “distinction honorifique“, et nie catégoriquement – et sous n’importe quel prétexte – les illusions de supériorité d’espèces, nations, races ou peuples quelconques.
B-Il s’agit aussi d’un rappel de composantes comme : “parité“, “dualité“ et “pluralité“ à partir desquels l’univers a été créé. Il n’y a donc pas de place pour l’unilatéralité ni pour l’écartement, mais plutôt pour le rassemblement et la collectivité.
Ainsi, la conception de l’existence dans l’islam se base sur le monisme, l’unicité et l’unilatéralité de Dieu Le Tout-Puissant, et sur la parité, la dualité et la pluralité pour tout le reste.
3- « Nous avons fait de vous des peuples et des tribus » est une approbation et un rappel de la “diversité humaine“ raciale, sociale et historique (et puis idéologique). La diversité de langues, couleurs et races nous mène, indispensablement, à la diversité de la religion, doctrine, référence, vision philosophique, régimes politico-économiques, et socio-éducatifs.
Il ne s’agit pas seulement d’une approbation et d’un rappel mais c’est beaucoup plus sublime. C’est aussi un “don“ et une “volonté“ de Dieu. Et qui oserait s’opposer à la volonté de Dieu en pensant à l’abroger, l’annihiler ou l’amoindrir ?!
Ce don, cette approbation et ce rappel requièrent impérativement un sous-jacent et implique une nécessité qui sont les suivants :
a. Importance de la communication, sous toutes formes, couleurs, sortes et manifestations, entre toutes les composantes de la même nation pour qu’elle continue à former un seul “peuple“[1] (et non des sectes et factions haineuses, hostiles et batailleuses…)
Cette communication doit éviter la “lutte armée“ ou la propagation de la “haine“, “l’animosité“ et le “mépris“ des autres composantes sinon toutes les “composantes“ seront anéanties. Elle doit être réalisée par la tolérance et la communication tendre et modérée dans un cadre de dignité et d’hommage.
b. Importance de la communication entre les “différentes nations“ pour qu’elles demeurent de “Peuples” [2] et non des copies itératives d’un côté, ni des cendres éparpillés d’un autre…
Cette communication ne doit point adopter les notions de “conflit des civilisations“, “lutte de pouvoirs” et “égocentrisme cosmique”, ni sur des dispositifs d’“occupation“, de “dépendance“, de “subsidiarité“ et d’“hégémonie“. Elle doit se faire par la reconnaissance mutuelle du droit à l’existence, par l’échange et non le monopole des sciences et connaissances et par la coopération humaine dans le terrain commun que nous partageons. Enfin, il doit se faire par la concurrence loyale de ce qui est en compétition, et par les bonnes actions: “repousser (le mal) par ce qui est meilleur“, quand c’est possible[3], de ce qui est en rivalité. Tout cela dans le cadre du respect mutuel des identités et des vies privées.
4- «Pour que vous vous connaissiez»: “لتعارفوا”
A-En langue arabe: le terme [al-arfou / العَرْفُ] signifie la bonne odeur, parfumée et savoureuse.
[araftou al-chakhsa /عَرَفْتُ الشخصَ ] (j’ai connu la personne): j’ai atteint (décelé) son odeur.
[âa’rafa al-ta’âm / أعرَفَ الطعام]: Le manger est cuit (par son odeur).
[Ar’rafahou /عرَّفه ] (Il l’a défini) : il lui a accordé un [arfan/عَرفاً ] i.e. : une bonne et agréable odeur…
Dieu Le Tout-Puissant dit : (وَيُدْخِلُهُمُ الْجَنَّةَ عَرَّفَهَا لَهُمْ) [محمد 6]
«Il (Dieu) les fera entrer au paradis qu’Il leur a déjà fait connaître.» {Sourate Mahomet, verset 6}, id. est: Il leur a rendu le Paradis délectable, agréable et garni d’ornements, et en plus, Il leur a donné le désir d’y aller.
De là, les bonnes actions “al ma’rouf” sont les faits recommandables, et nullement désapprouvées; que les gens ne dénient pas (grâce à leur bonté et à leur noblesse). C’est une désignation donnée à chaque fait dont le bien est reconnu par la raison ou la législation.
La connaissance “al ma’refa” est la perception qu’on gagne par le raisonnement et la considération des conséquences. C’est une définition qui émane de la perception de l’existence d’une bonne chose suite à sa bonne odeur. Autrement dit, c’est un savoir que l’on atteint par la réflexion.
«Vous vous connaissiez» “wa ta’arafo” veut dire se connaître mutuellement. Il s’agit ici d’une perception réciproque de l’existence et de l’entité dans une bonne ambiance agréable et parfumée.
“Faire connaissance“ “al ta’arof” C’est le fait d’établir des relations à base de ce qui est connu en bonne et due forme… C’est-à-dire nouer des contacts entre les gens avec affabilité et bienveillance et moyennant des actes d’indulgence approuvés.
L’antonyme de “connaître” “al ta’arof” est “méconnaitre” “al tanakor”:
Dieu Le Tout Puissant dit : (فَعَرَفَهُمْ وَهُمْ لَهُ مُنكِرُونَ) [يوسف: 78]
«Il (Joseph) les reconnut (ses frères), mais eux ne le reconnurent point (le méconnurent). » {Sourate Youssef, verset 58}.
Le Prophète (ﷺ) dit: [Les âmes sont des soldats mobilisés; celles d’entre elles qui se connaissent vivent en concordance, et celles qui s’ignorent (se méconnaissent) demeurent en discordance.] [4]
De là, “se connaître”, “al ta’arof” nécessite une harmonie et une concordance –ce qui sera développé davantage ci-après– tandis que “méconnaître” nécessite une disharmonie et une discordance… d’où naît la séquence trilatérale : Connaissance, concordance et interaction avec coopération et complémentarité.
B-Pour que vous vous connaissiez: comprend donc la nature de la relation qui doit s’établir entre les humains, qui sont nécessairement diversifiés -d’après la révélation, l’histoire et la réalité- matériellement et moralement, cognitivement et socialement pour accomplir la construction de la terre, découvrir ses trésors et richesses, et partager mutuellement ses avantages. Le but donc est de rendre cette terre “un foyer de connaissances harmonieux, coopératif et universel, riche et sécurisé, ayant les bras ouverts pour tout le monde.
Cette “universalité d’orientation des connaissances“ n’est qu’une des caractéristiques de l’Islam car :
-Le Dieu du Messager de cette religion n’est pas local ni provincial, et Il n’est ni racial ni raciste, mais Il est Le «Seigneur des mondes» (رَبِّ الْعَالَمِينَ) {Sourate al-Fâtiha, verset 2}, et Le «Seigneur des hommes» (رَبِّ النَّاسِ) {Sourate al-Nâs, verset 1} ;
-Le Messager de cette religion lui-même n’a été envoyé que «comme une miséricorde pour les mondes» (رَحْمَةً لِّلْعَالَمِينَ) {Sourate al-Anbiyâ’, verset 107} ; (يَا أَيُّهَا النَّاسُ إِنِّي رَسُولُ اللّهِ إِلَيْكُمْ جَمِيعاً) [الأعراف: 58] «Ô hommes ! Je suis le Messager d’Allah pour vous tous» {Sourate al-Aâraf’, verset 158} ;
(تَبَارَكَ الَّذِي نَزَّلَ الْفُرْقَانَ عَلَى عَبْدِهِ لِيَكُونَ لِلْعَالَمِينَ نَذِيراً) [الفرقان: 1)
«Béni soit Celui qui a révélé le Discernement à Son serviteur afin qu’il soit un avertisseur pour les mondes» {Sourate al-Fourqân, verset 1} ;
Le Prophète (ﷺ) dit : “كان النبي يُبعث إلى قومه خاصةً، وبُعثتُ إلى الناس كافة”
[Chaque prophète était envoyé à sa nation en particulier, tandis que moi, j’étais envoyé à Toute l’Humanité] Hadith agréé.
-Le Livre saint de cette religion ne s’adresse pas seulement aux arabes:
(إِنْ هُوَ إِلاَّ ذِكْرٌ لِّلْعَالَمِينَ) [ص: 87)
«Ceci n’est qu’un rappel adressé aux mondes» {Sâd, verset 87},
(ذِكْرَى لِلْعَالَمِينَ) [الأنعام: 90]
«Un rappel adressé aux mondes» {al-An’âm, verset 90}.
C’est l’âme de la religion, il ne s’agit donc pas d’un appel arabe, oriental, occidental, racial ou départemental, mais un appel “aux mondes”.
Est-ce possible qu’un Dieu Universel, Son Messager, Son livre, Sa religion sont tous aussi universels, et que cette religion n’appelle pas à “l’interaction” entre “les Hommes du monde entier” ? Y aurait-il des “interactions” sans “connaissances“, avec tout ce que nécessite la notion de connaissance?! (Ce qui va être développé en détail ci-dessous).
Et que dirons-nous des mondes “honorés” :
(وَلَقَدْ كَرَّمْنَا بَنِي آدَمَ) [الإسراء: 70]
« Nous avons honoré les fils d’Adam » {al-Issrâ’, verset 70} ?![5]
5- La “connaissance“, qui ne peut donc se faire que dans une bonne ambiance agréable et parfumée, ne peut, par définition et logiquement parlant, être fondée sur le feu et l’embrasement, mais nécessite la lumière.
Elle ne peut non plus être établie par l’épée mais exige l’écoute et le dialogue.
Elle ne peut pas être conflictuelle; car le conflit mène à l’anéantissement, et alors avec qui ferons-nous connaissance?! La connaissance requière plutôt la concordance, la coopération, la réciprocité et de là la complémentarité.
Elle ne peut sûrement pas se faire dans un climat de haine et d’animosité, mais exige la cordialité, la gentillesse et la tolérance.
6- Faire “connaissance” nécessite: D’un point de vue négatif :
- Absence d’intention de conflit ou de choc.
- Absence de tendance de supériorité et du désir de suprématie.
- Absence de duplicité dans le traitement. (لَيْسَ عَلَيْنَا فِي الأُمِّيِّينَ سَبِيلٌ) [آل عمران: 75]«Nous ne sommes tenus à rien envers les illettré» {al-Imrân, verset 75} ;
– Nier toute prétention au monopole des vertus dans un domaine par rapport à d’autres humains, et nier au même titre l’accumulation des maux et vices dans un domaine donné chez d’autres humains. Cela revient au fait que les vertus et les vices « se trouvent communément chez les nations et les peuples, et varient en fonction de la quête et de la ruée. Ainsi, leurs héritages s’ajustent, et leurs soldes varient, sans que leurs chances ne soient, et par la nature et par le caractère, rectifiables ou modifiables ».[6]
Et d’un point de vue positif :
- Reconnaissance mutuelle du droit à l’existence, à la diversité et à la différence (accepter la pluralité), et respecter l’entité de l’autre, son ego, son identité et ses particularités (sa vie privée).
- Écoute réciproque des idées et des conceptions.
- Et, partage des sciences et connaissances sans monopole, en coopérant conjointement pour mettre fin au cloisonnement matériel et moral de la vie et de l’univers, et ouvrir de nouvelles perspectives dans la recherche et l’expérimentation.
Autrement dit, la “connaissance” nécessite le “désir” de la rencontre et de l’interaction bienveillante moralement et matériellement.
Cette nécessité implique et mène, en même temps, à la “concordance” qui maintient et garde les mêmes éléments qui sont entrés en harmonisation pour que ceux-ci interagissent ensemble sans exclure aucun d’eux ni assimiler (fondre) l’un à l’autre.
La “pluralité de la distinction”, (entre “homme” et “femme”, “peuples” et “tribus”) est basée sur le “rassemblement de connaissance” entre les Hommes… Logiquement parlant, il n’est pas étonnant que le désaccord naisse avec l’augmentation, la multiplication et la diversification des humains. De même, il n’est pas concevable qu’ils appartiennent à une seule race –celle de fils d’Adam – sans qu’ils soient en harmonie!
Si c’était le cas avec l’Autre (celui différent de nous), quel serait alors le cas avec le Nôtre (celui qui fait partie de nous)?!
7- L’aboutissement de la “connaissance” :
Après ce qui a précédé, on pourrait conclure que la “connaissance” التعارف permettra de réaliser les buts suivants:
a-Une réelle perception des Autres; pensées, personnes, entités et unités, sans médiations ni barrières, et de là, corriger l’image stéréotypée que l’on peut avoir sur eux, ce qui aboutit à améliorer nos relations avec les Autres.
b-Un débat sur les pensées.
c-Un échange de biens et d’expériences basé sur la coopération, la complémentarité et la solidarité dans la production et la construction.
d-Une course vers les bonnes actions: suite à une connaissance, qui nécessite une absence du penchant pour la supériorité ou la vanité qui bloque le principe de compétition[7], la porte sera grande ouverte à la concurrence surtout que la diversité, la pluralité, la différence et la différenciation représentent “le catalyseur le plus fiable“ et “le motif majeur de la ruée“ pour entrer en compétition dans les domaines de la créativité et du perfectionnement entre les protagonistes distingués et différents…
Dieu Le Tout-Puissant dit :
(وَلَوْ شَاء اللّهُ لَجَعَلَكُمْ أُمَّةً وَاحِدَةً وَلَـكِن لِّيَبْلُوَكُمْ فِي مَا آتَاكُم فَاسْتَبِقُوا الخَيْرَاتِ) [المائدة: 48]
« Si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait de vous une seule nation, mais Il a voulu vous éprouver par ce qu’Il vous a donné. Hâtez-vous donc en bonnes actions. » {Sourate Al-Mâ’ida, verset 48}.
Il dit aussi : (وَلِكُلٍّ وِجْهَةٌ هُوَ مُوَلِّيهَا فَاسْتَبِقُواْ الْخَيْرَاتِ) [البقرة: 148]
« Pour chaque être, il y a une orientation vers laquelle il se tourne. Rivalisez donc en bonnes actions. » {Sourate Al-Baqara, verset 148}…
Ainsi, sans la pluralité, la diversité et la différence – dans le cadre de la connaissance et non de l’hostilité[8]– il y aura une diminution des stimulateurs à la course et aux motifs de la ruée ainsi qu’aux raisons de compétitions entre individus, nations, peuples, pensées, philosophies et civilisations. Et par conséquent, la vie deviendra une immobilité stagnante, moisie, et un dépérissement qui manque de vitalité, de renouvellement et de croissance.
En guise de conclusion, la “connaissance” est une “communication interactif affable” sur le plan cognitif et social et non pas un acte “d’éradication hostile“, ni une “stagnation négative” non plus. La connaissance ne connaît ni “cloisonnement” ni “dissolution”.
La philosophie de la connaissance, développée ici, est une vision qui est :
- Humaniste dans sa destination: elle rend hommage à l’Homme et tient compte de sa dignité et de sa primordialité; il est seigneur dans l’univers et non seigneur de l’univers, il est son fiduciaire et non un tyran sur terre.
- De source divine: désignée et confirmée par la révélation.
- Appelant à:« l’interaction entre les civilisations, la fertilisation croisée entre les cultures, le rapprochement des structures idéologiques, l’harmonie, la coopération, la solidarité et la complémentarité entre les nations, les peuples et les États… Le monde à ses yeux est “un forum de civilisations“, entre ses membres, se trouvent de vastes zones de “l’universalisme humain“ où il est possible d’y coopérer et sur lesquelles construire. Chacun de ces membres a “une identité civilisationnelle et une spécificité culturelle propre à lui“, ainsi que “des intérêts patriotiques, nationaux, culturels, économiques et sécuritaires le concernant qu’il faut prendre en considération.»[9] Tout cela sera dans un cadre d’une “complémentarité d’intérêts“, nullement “contre ces intérêts, sa suppression ou sa conflictualité“, et surtout dans le respect du principe d’égalité en ce qui concerne la dignité, le traitement équitable et l’avantage mutuel, sans prédominance ni préjudice, tout en s’éloignant des philosophies qui penchent vers le conflit, la suprématie, la répression et l’exploitation.
Traduit par: Dr. Ayman Anwar Sinan***
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* L’article a été publié dans la revue AL-Muslim AL-Muaser [المسلم المعاصر], numéro 152 (2014) PP. 5- 13.
** Médecin et chercheur égyptien.
[1] Avec tout ce que porte la notion de “ramification“ concernant l’interférence et la cohésion nette d’un côté, et la particularité et la conservation de l’entité d’un autre (sinon comment peut-il s’agir d’une ramification entre des écrasés et ceux réduits à néant ou des identiques et des similaires ?!).
[2] Avec tout ce que porte la notion de “ramification“ déjà citée.
[3] Réfléchissons à la parole de Dieu Le tout Puissant : « Repousse donc (le mal) par ce qui est meilleur ; et celui que tu avais pour ennemi deviendra alors un ami dévoué » {Sourate Foussilat, verset 34}…
« Repousser l’action mauvaise par celle qui est meilleure ; Nous savons très bien ce qu’ils décrivent » {Sourate al-Mou’minoun, verset 96}…
[4] Rapporté par al-Boukhârî et Muslim.
[5] Comment les partisans d’une religion peuvent-ils “répudier“ ceux qui ont été honorés par les enseignements de leur propre religion ?!
Comment les partisans d’une religion appellent-ils à “boycotter“, “écarter“ et “ne pas fréquenter“ voire “humilier“ ceux qui ont été honorés par la religion ?!
Comment les partisans d’une religion “méprisent-ils“ ceux qui ont été honorés par la religion ?!
Comment accepter de qualifier, parfois par la parole et souvent par les attitudes ou les situations, ceux qui ont été honorés par la religion de “gens de second degré“ ?!
“La filiation des gens à Adam“ représente déjà un honneur. C’est une qualité bien établie qui accompagne les gens éternellement en tout temps et en tous lieux. Quant à l’humanité, elle a été mise au degré suprême de l’honneur pour que Dieu garantisse à l’homme la liberté de choisir entre croire ou ne pas croire en Dieu – qui est une question centrale – c’est une liberté octroyée par Dieu et préservée même de son intervention, refusant ainsi de contraindre quiconque à la foi, et interdisant, complètement et en aucun cas, à ses serviteurs la contrainte en religion…
Notre honneur de l’Homme est un prolongement naturel et légitime de l’honneur de Dieu avec la liberté qu’Il lui a garantie…
Dieu l’a distingué en l’honorant par la liberté, et nous l’honorons suite à cet honneur divin (et notre acceptation de l’Autre non-musulman n’est pas l’acceptation de sa mécréance, de son polythéisme ou de son idolâtrie, mais c’est plutôt l’acceptation de l’honneur divin pour lui, ainsi que l’acceptation de la liberté de choix que Dieu lui a garantie, et de son issue quel qu’il soit. C’est une acceptation légitime de son existence telle qu’elle est, et non une acceptation de sa charia ou croyance.
Ainsi, il ne serait pas correct d’accorder à une personne – dans la vie d’ici bas – la liberté totale de croire ou de ne pas croire en Dieu, puis de lui restreindre ce qu’il a choisi.
Si ce n’est pas une contrainte en religion, qu’est-ce qu’elle serait la contrainte ?!…
Dieu a honoré l’Homme en lui octroyant la liberté de croyance – qui est une question majeure – et il serait injuste de l’humilier en lui restreignant sa pratique quel qu’il soit son choix.
[6] Parole rapportée de notre Professeur et grand Cheikh Dr. Mohamed Amara.
[7] Réfléchissons à la parole de Dieu Le Tout Puissant : « Moïse leur apporta des preuves, ils s’enorgueillirent sur terre. Et ils n’ont pas pu (Nous) échapper. » {Sourate al-Ankabout, verset 39}…
[8] Si l’un est destiné à anéantir l’Autre, le résultat sera une suprématie du seul et unique modèle. D’où : l’affaiblissement des facultés de créativité (car la créativité ne se manifeste que par l’étincelle de la souffrance, du défi et de la différence). Et puis la vie se transformera en immobilité stagnante, pourrie couronnée par la mort (La créativité est comme le génie : elle ne descend pas du ciel sur les indolents).
[9] Parole rapportée de notre Professeur et grand Cheikh Dr. Mohamed Amara.
*** Linguiste et traducteur franco-syrien.