Le port du voile en Egypte à travers l’Histoire

Le port du voile en Egypte

 à travers l’Histoire

Par. Radwa Montaser Al-Faqi*

Le hijab n’est pas seulement un vêtement pour les femmes musulmanes qui exprime leurs convictions religieuses, mais il fait également partie du paysage sociétal.  La société égyptienne a traversé nombre de changements entre : circonstances politiques, transformations sociales,  fluctuations intellectuelles et convictions culturelles. Cette étude suit ce sujet, selon une perspective diachronique afin d’enregistrer les différentes étapes du hijab. Nous voulons comprendre comment celui-ci s’est transformé d’une injonction divine en un héritage culturel puis en une coutume sociale dont le port ou le rejet renvoie à de nombreuses connotations et à de nombreuses significations.

Il va sans dire que le hijab est lié aux enseignements religieux qui confèrent un caractère sacré particulier au corps en le considérant plus qu’un simple espace neutre : c’est le lieu où s’exprime la personnalité. Il ne fait également aucun doute que le religieux constitue une composante de première importance de la personnalité égyptienne façonnant ses coutumes et ses traditions sociétales. Culturellement, et pour cette raison, jusqu’au début du XXe siècle, les femmes égyptiennes portaient une forme de hijab  (couvrant leur tête et leur visage) lorsqu’elles quittaient leur foyer et ce, indépendamment de leur croyance religieuse ou de leur niveau social. Celui-ci a été remplacé, avec le recul du respect des cultes religieuses par la « melaya laf», la « burqa », le « mouchoir abou ouya », le « yashmak ou la  « bisha »[1] : vêtements pour femmes dans les quartiers populaires. Quant à la burqa[2] c’est celui adopté par les femmes de la classe moyenne. La « bisha »[3] était portée par les femmes riches ainsi que par celles de la classe supérieure.

À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la société égyptienne a commencé à assister à des transformations sociales et  politiques qui ont mené à l’émergence de nombreux mouvements réclamant d’abord le retrait de la burqa puis du voile. Il convient de noter que le phénomène du retrait du voile au cours de cette période ne s’est pas produit en une seule étape mais progressivement sous l’influence de nombreux événements vécus par la société égyptienne.

Phénomènes ayant conduit au retrait du hijab :

Le tout début coïncide avec la Campagne française en Égypte où c’est devenu chose courante de voir des Françaises se promener dans les rues portant des « vêtements à l’occidentale », selon Al-Jabarti : elles étaient tête nue et portaient des tenues différentes de celles des Égyptiennes. Puis, avec le règne de Muhammad Ali, le nombre de femmes européennes en Égypte a augmenté puisqu’il les a amenées pour enseigner à ses filles dans le palais suivi en cela par l’aristocratie. Ensuite, les forces britanniques ont occupé l’Égypte amenant avec elles un grand nombre de femmes avec leurs vêtements et leurs ornements à l’européenne.

Ce phénomène est resté l’apanage des femmes européennes dans les rues en Egypte jusqu’à ce que commencent des appels réitérés pour retirer la burqa et le voile, lancés par un certain nombre d’Egyptiens hommes et femmes. La princesse Nazli Fadel[4]  soutenait le mouvement de la libération des femmes et ce, en organisant le premier salon culturel au Moyen-Orient en 1890. Là, les pionniers de ce mouvement pouvaient discuter et échanger leurs opinions. Parmi les membres les plus importants de ce salon figuraient Cheikh Muhammad Abdou, Saad Zaghloul et Qasim Amin Ce sont les trois personnalités qui ont dirigé le mouvement de la libération dans la société égyptienne sur les plans religieux, intellectuel et culturel. Ecrits et articles de ces penseurs se sont succédé pour prôner cette nouvelle tendance.

Le premier appel à retirer le voile comme étant une forme de la libération des femmes revient à l’ouvrage Les femmes en Orient en 1894 de Morcos Fahmy[5] : il appelle les femmes à se libérer du voile pour devenir égales aux hommes. Par la suite, de nombreux magazines féminins – tels Al-Firdaws, le magazine Mirat Al-Hasnaa et le magazine Fatat Al-Sharq – sont apparus (surtout en 1896) pour discuter certaines affaires relatives aux femmes. Ceux-ci appelaient, sous diverses formes, au rejet du voile comme symbole d’un retour en arrière.

A cet égard, Qasim Amin a eu la plus grande influence avec son ouvrage intitulé La libération des femmes en 1899,[6] ayant eu une large résonance provoquant un débat à l’époque entre partisans et opposants. De nombreux livres et articles étrangers et arabes ont été publiés pour le soutenir et l’encourager. Il y avait également des articles et des livres qui dénonçaient et rejetaient ses idées notamment L’éducation des femmes et le hijab de Talaat Harb, publié en 1899. [7] Mustafa Kamel a également publié un certain nombre d’articles dans le journal Al-Liwaa attaquant ces opinions étrangères à la culture égyptienne. Qasim Amin a été accusé de pencher vers l’Occident, ce qui l’a incité à leur répondre par un nouvel ouvrage La nouvelle femme en 1900.[8]

Il faut souligner que l’appel de Qasim Amin était un appel à un programme global de réforme et de progrès national qui inclut la libération de la femme en l’incitant à retirer la burqa pour découvrir son visage lui permettant ainsi de participer activement au « progrès » du pays ! Il pensait que le hijab – qui signifie en ce moment se couvrir le visage avec une burqa – était une coutume que les musulmanes avaient adoptée au contact d’autres nations pour le considérer par la suite comme un vêtement religieux. Certains ont considéré l’appel de Qasim Amin comme une tentative d’abandonner progressivement le voile lui-même. A cet egard, Qasim Amin a défendu son point de vue en affirmant qu’il appelait à l’allègement du hijab conformément à ce qui est stipulé dans la charia islamique.

En 1915, avec le magazine Al-Safur[9] , nous trouvons un appel direct aux femmes pour retirer le voile. Dirigé par un certain nombre de défenseurs de la libération des femmes, celui-ci discutait essentiellement dans ses articles des sujets comme : la libération des femmes, le retrait du voile, la promotion des maisons de couture, les créations à l’occidentale et les dernières coiffures.

Puis, cet appel a pris une tournure politique dans le contexte de la Révolution de 1919 lorsque Safia Zaghloul,[10] précisément le 20 mars 1919, a mené une manifestation des femmes pour réclamer l’indépendance. À cette époque, le commandant des forces de l’occupation l’a réprimandée lui disant que ce qui l’empêchait de leur tirer dessus était justement le fait qu’elles étaient des femmes ; elle a donc ôté son voile pour assurer aux colonisateurs qu’elles étaient comme les hommes d’Egypte et qu’il n’y avait aucune différence entre eux quant à défendre leur pays.

Après la Révolution de 1919, en 1921, Hoda Shaarawi [11]et Siza Nabrawi[12] brandirent la burqa devant la foule en recevant Saad Zaghloul à son retour d’exil. Il a fourni beaucoup d’efforts dans ce sens ne laissant aucune opportunité sans appeler à la libération de la femme au point de demander à celles qui assistaient à ses sermons d’enlever la burqa.

Ensuite, des magazines spécialisés pour femmes ont suivi tels Al-Masryah et  La Nouvelle Femme parus en 1925. Comme le magazine Al-Saffur,  ceux-ci traitaient des mêmes sujets. La publication de livres et d’articles appelant au retrait du voile est devenue chose courante, y compris, par exemple, les deux ouvrages Al-Safour et Le hijab de Nazira Zain al-Din en 1928, dans lequels elle appelait au retrait du voile considéré comme l’un des symboles du retard et de l’oppression des femmes.

Il convient de noter dans ce contexte que la statue de « La renaissance de l’Egypte » de Mahmoud Mokhtar, installée depuis 1928 sur l’une des principales places près de l’Université du Caire, représente une femme habillée en paysanne plaçant sa main droite sur la tête du Sphinx et soulevant de sa main gauche le voile de son visage. Selon Mukhtar, il veut signifier la volonté du progrès de l’Egypte en écartant tous les obstacles l’empêchant de retrouver son ancienne gloire !

Les appels au retrait du hijab se sont poursuivis sous diverses formes pour entamer la troisième décennie du XXe siècle sans le hijab. Il faut dire qu’aucune loi officielle n’a été promulguée interdisant le hijab comme c’est le cas dans certains autres pays arabes et islamiques : c’est un choix tout à fait personnel. De la burqa, c’est le voile qui tend à disparaitre dans toutes les classes de la société égyptienne pour trouver son retrait général depuis le début des années 1940. L’une des raisons expliquant ce phénomène est que le hijab à cette époque ne faisait plus partie de la composante religieuse pour devenir plutôt un simple héritage culturel tout comme le tarbouche pour les hommes. Cela a incité certains à tenter d’éveiller le sens religieux des femmes égyptiennes et à les rappeler au port du hijab en réponse au commandement divin, et non à le suivre comme une coutume sociale. Prenons l’exemple du petit livre Al-Tabarruj de Neamat Sidqi en 1947[13] dans lequel elle appelait les femmes musulmanes à respecter leur religion en portant les vêtements recommandés.

Depuis les années 50 du siècle dernier, l’État a adopté des discours de gauche et brandi des slogans nationalistes menant à la disparition progressive du hijab de la rue égyptienne pendant des décennies.

Se rapprocher de Dieu en revenant au hijab :

Le hijab n’est pas revenu soudainement en Egypte. Celui-ci a suivi plutôt un long cheminement grâce à un développement progressif de la motivation religieuse. Après la défaite de juin 1967 et le déclin du projet national, les Égyptiens ont trouvé dans la religion un moyen de surmonter cet échec de sorte que la société s’est tournée vers plus de piété. Ceci est apparu clairement pendant la guerre d’Octobre où les slogans religieux ont été répétés, cette victoire a eu un impact indéniable sur la société égyptienne.

Durant cette période, le nombre de femmes portant le hijab était peu important mais celui-ci a augmenté progressivement dans : les rues, les universités et les lieux de travail. Le départ d’un grand nombre d’Égyptiens pour travailler dans les pays du Golfe est un autre facteur ayant eu une influence à travers l’adoption du style vestimentaire du Golfe y compris le niqab.

Le hijab a continué à se répandre sans être affecté par les restrictions imposées par l’État face aux groupes islamiques ni par l’arrêt de leur activité politique après l’assassinat de Sadate. Cela est dû au fait que le hijab s’est enraciné dans la société prenant une dimension religieuse et culturelle de plus en plus grande grâce aux efforts des cheikhs d’Al-Azhar et aux programmes religieux diffusés à la radio et à la télévision égyptiennes. Des célébrités, des artistes ainsi que des professionnels des médias ont commencé à porter le hijab, influencés par les leçons de prédicateurs de haut rang, tels que Cheikh Al-Shaarawi.  D’aucuns en ont profité pour lancer une mode vestimentaire adaptée a cette nouvelle clientèle.

Au début du troisième millénaire, le nombre de femmes voilées parmi le public et les célébrités a augmenté grâce aux nouveaux prédicateurs, à leur capacité à attirer les jeunes en présentant un discours modéré : style simplificateur, terminologie moderne ainsi que méthodes modernes puisées dans la veine du développement humain. Leur but était d’attirer surtout les femmes des classes supérieures. La présence de ces prédicateurs sur les chaînes de télévision et par satellite s’est accrue, et ils ont commencé à animer des séminaires organisés dans les universités et les clubs. La diffusion de leurs conférences sous forme de cassettes s’est également développée à grande échelle.

Malgré l’augmentation du nombre de femmes voilées au cours de cette période, le débat intellectuel sur le hijab a continué à travers des penseurs et des journalistes. La journaliste Iqbal Baraka a été l’une des plus acharnées à travers son ouvrage intitulé Le hijab : une vision moderne[14]. Un autre ouvrage est paru en 2003 pour Muhammad Saeed Ashmawi La vérité sur le hijab et l’autorité du hadith.[15] Ils ont tenté, à travers une interprétation particulière de certains versets du Saint Coran ainsi que de la Sunnah, de prouver que le hijab ne fait pas partie de la religion : c’est un symbole propre au passé.

Il convient également de noter les restrictions auxquelles certaines femmes voilées ont été confrontées à la fin du siècle dernier et au début du nouveau millénaire ainsi que la tentative de limiter leur rôle dans la société. Celles-ci étaient délibérément écartées des postes importants dans l’État (diplomatiques, médiatiques, etc.) quoique avec quelques exceptions.

Nouveaux appels pour le retrait du voile :

Récemment, la société égyptienne assiste à une nette diminution du nombre de femmes voilées tout particulièrement après la Révolution du 25 janvier 2011. Nous pouvons attribuer cela à plusieurs raisons :

  1. Le sentiment de liberté après la Révolution a eu des répercussions dont la plus marquante a été la remise en question de certaines valeurs sociales, culturelles et religieuses. Il y a là une tentative de se débarrasser de l’ancien pour reconstruire sur de nouvelles normes et de nouveaux fondements.
  2. Les mouvements politiques islamiques ont échoué à tenir leurs promesses envers de larges secteurs de la société égyptienne d’où l’altération de leur image auprès des jeunes après leur implication bruyante dans la vie politique. Il s’ensuit une aversion et un rejet de tout ce qui pouvait indiquer, même de loin, l’appartenance à ces groupes islamiques dont le hijab.
  3. Après avoir été considérés comme des symboles de la modération, les nouveaux prédicateurs ont perdu toute crédibilité après s’être enlisés dans des actes répréhensibles.

Ces raisons, et bien d’autres, ont frayé la voie à des mouvements exigeant le retrait du hijab évoquant une nostalgie des années 40 et 50 du 20e siècle lorsque les femmes égyptiennes étaient un modèle d’élégance. Les réseaux sociaux se sont développés, encourageant ces idées. Celles-ci étaient le sujet de prédilection des programmes de talk-show de très grande audience.

Peu à peu, retirer le hijab est devenu un acte de défi : publier des photos en retirant le voile, décrire cette étape de leur vie sur différents médiums pour encourager d’autres femmes, etc. Une invitation de certains militants a été lancée le 1e mai 2015 pour une manifestation regroupant des millions de femmes – à l’instar de celles organisées pendant la Révolution du 25 janvier – pour retirer le hijab.

La vérité est que nous sommes actuellement face à une scène sociétale très complexe. Ce qui est remarquable, c’est que le nombre de femmes voilées reste encore assez élevé. On peut même certifier que celles-ci représentent une majorité. Cependant, on constate que leur nombre diminue de manière significative, en particulier parmi les jeunes. En fait, un certain nombre de femmes voilées oscillent entre la forme traditionnelle et celle moderne du hijab  (turban ou à l’espagnol). D’autres, par contre, se couvrent la tête sans respecter une tenue vestimentaire décente. Par ailleurs, nous pouvons constater le phénomène inverse avec l’accession de certaines femmes portant le hijab traditionnel à de nombreuses fonctions publiques : ministres, doyennes ainsi qu’animatrices à la télévision.

En conclusion, il faut dire que le port et le retrait du hijab est un indicateur qui révèle l’écart des Égyptiens de leur référence religieuse car c’est le fondement de la personnalité égyptienne. Il y a là son système de valeurs régissant son comportement et ses coutumes. Celle-ci tend à s’altérer sous l’emprise de l’exemple occidental ; il y a une tendance très nette pour imiter « l’étranger » au détriment de notre référence islamique et au détriment de nos valeurs morales. Il semble que cet état de confusion civilisationnelle risque de s’aggraver tant que les questions fondamentales concernant la position des Égyptiens sur leur identité d’une part et sur leur position culturelle d’autre part ne sont pas résolues.

Revisé par:

Prof. Hedaya Mashhour**

ــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــ

* Elle est titulaire d’une maîtrise en sciences politiques. Université du Caire.

[1] Le bandana « abou ouya » est un morceau de tissu aux motifs colorés qui est noué autour de la tête. Le drap d’enveloppement « melaya-laf » est un morceau de tissu noir qui est étroitement enroulé autour du corps d’une femme et dont l’extrémité est relevée au-dessus de la tête.

[2] La « burqa » est constituée de fils noirs entrelacés qui recouvrent le visage d’une tige dorée pour la décoration.

[3] La « bisha » est un type de voile d’origine turque que les femmes portent dans les lieux publics dans le but de se couvrir le visage.

[4] Princesse de la famille alaouite, elle est la fille de Mustafa Fasil bin Ibrahim Pacha bin Muhammad Ali Pacha.

[5] Morcos Fahmy, Les femmes de l’Est. Le Caire : Dar Al-Taleef pour l’imprimerie et l’édition, 1984.

[6] Qasim Amin, La libération des femmes. Le Caire : Bibliothèque Al-Tarqi, 1899

[7] Talaat Harb, L’éducation des femmes et le hijab. Beyrouth: Dar Al-Kitab Al-Lubani, 2012.

[8] Qasim Amin, The New Woman. Le Caire : Autorité générale égyptienne du livre, 1993.

[9] Il s’agit d’un magazine dont le premier numéro est paru en 1915 et a continué à être publié de façon hebdomadaire jusqu’en 1922 avec environ 302 numéros. Il a été fondé par Abdel Hamid Hamdi, Mustafa Abdel Razek, Mansour Fahmy, Taha Hussein et Muhammad Hussein Heikal.

[10] Épouse du leader Saad Zaghloul et l’une des pionnières du mouvement féministe en Égypte.

[11] Elle appartient à la première génération de militantes féministes et la première à défendre les droits des femmes en Égypte.

[12] Amie de Hoda Shaarawi et pionnière du mouvement féministe en Égypte.

[13] Neamat Sidqi, Al-Tabarruj. Le Caire : Dar Al-I’tisam, 1947.

[14] Iqbal Baraka, Le Hijab : une vision moderne. Dar Keon pour l’impression, l’édition et la distribution, 2003.

[15] Muhammad Saeed Al-Ashmawi, La vérité sur le hijab et l’authenticité du hadith. Le Caire : Fondation Rose Al-Youssef, 2002.

** Professeur de langue française. Département de langue française. Faculté des lettres, Université du Caire.

عن رضوى منتصر الفقي

شاهد أيضاً

The historical development of the veil in Egypt

By: Radwa Montaser Al-Faqi

The hijab is not just a Muslim woman's wear that expresses her religious convictions, but it is also a part of the societal landscape

Al-Mouhaddithāt dans l’Histoire Islamique

By: Prof. Omaima Abou-Bakr

Traduit par: Dr. Ayman Anwar Sinan

Les femmes ont-elles travaillé pendant les premiers siècles de l'Islam dans le domaine de l'enseignement religieux au même titre que les savants et juristes de l’époque?

اترك تعليقاً

لن يتم نشر عنوان بريدك الإلكتروني. الحقول الإلزامية مشار إليها بـ *

هذا الموقع يستخدم خدمة أكيسميت للتقليل من البريد المزعجة. اعرف المزيد عن كيفية التعامل مع بيانات التعليقات الخاصة بك processed.